Construit avec le soutien de l’État, le tout nouveau centre culturel du Petit Chiron, implanté dans le centre-ville de Port-Joinville (principal port et bourg de l’île), rassemble en un seul espace des services jusqu’alors dispersés sur l’île : médiathèque, archives municipales, salle d’exposition, le service patrimoine ainsi que de nouveaux services dont une Micro-Folie (musée numérique), un auditorium et un fablab.
Avec ses 300 m², la médiathèque propose près de 10 000 documents empruntables gratuitement : romans, bandes dessinées, jeux de société, DVD, jeux vidéo… « L’activité a été très intense, bien avant l’ouverture. Sur l’île, les habitants étaient avides de lecture : plus de 1 200 personnes se sont inscrites pour la première fois à la médiathèque cette année », résume Justine Neau. Diplômée d’une licence de lettres modernes, elle a dirigé deux médiathèques du réseau de Fougères Agglomération avant de devenir responsable de celle de l’Île d’Yeu. Autre source de satisfaction : plus de 60 % des inscrits vivent et travaillent à l’Île d’Yeu.
Un quotidien rythmé, surtout en été
L’Île d’Yeu compte 5 000 habitants à l’année… mais jusqu’à 28 000 visiteurs l’été. Une réalité qui se traduit directement dans les chiffres : depuis l’ouverture, le 7 mai, plus de 18 000 documents ont été empruntés. « Contrairement aux idées reçues, les gens lisent beaucoup, même en vacances ! », se réjouit Justine Neau. La fréquentation a été multipliée par quatre cet été, avec jusqu’à 330 visiteurs par jour et presque 500 prêts quotidiens à gérer.
Pour répondre à cet essor estival de l’activité, l’équipe de trois bibliothécaires salariées peut compter sur l’appui indispensable d’une vingtaine de bénévoles. C’est Chloé Bouvier qui les coordonne : « Nous accueillons le public, gérons les retours, rangeons, classons, conseillons… C’est un travail de proximité. Ce que j’aime, c’est quand un lecteur vient nous dire qu’il a adoré un livre qu’on lui a recommandé. » Son dernier coup de cœur ? « Les Heures fragiles » de Virginie Grimaldi, un roman sensible sur la santé mentale des adolescents. « Notre mission, c’est aussi de faire de la veille littéraire et de partager ce qui nous touche », explique Justine Neau.
Une médiathèque pas comme les autres
Sur l’île la plus éloignée du continent parmi les quinze formant l’Archipel du Ponant, chaque livraison compte. « Les meubles, les documents et même les nouveautés livrées par la Médiathèque départementale de Vendée : tout transite par bateau », explique Justine Neau. Cette contrainte logistique donne une saveur particulière à chaque carton de documents reçus.
Autre spécificité : la médiathèque accueille en ses murs un fablab. Animé par Rozenn Bernard, ce lieu offre aux visiteurs la possibilité de découvrir l’impression 3D, la découpe laser ou encore la broderie numérique. « On attire ici des publics qui ne seraient pas forcément venus pour lire. Ils repartent parfois avec une carte de la médiathèque… et un roman. » Les usagers ont été partie prenante dans la création de ce fablab puisque le mobilier a été conçu avec eux.
Enfin, pour accentuer sa visibilité dans l’espace public, la médiathèque de l’Île d’Yeu est l’une des premières en France à arborer sur sa façade l’enseigne des bibliothèques, un papillon bleu dont les ailes dessinent aussi le B de « bibliothèque » et évoquent un livre qui s’ouvre.
Un lieu de culture en mouvement
La médiathèque est un lieu de passage… mais aussi de transmission. Des actions « hors les murs » sont menées, notamment dans les EHPAD voisins ou du portage de livres à domicile pour les personnes ne pouvant se déplacer. Les enfants du centre de loisir tout proche sont accueillis régulièrement à la médiathèque. Et tout au long de l’année, des animations culturelles rythment la vie du lieu. En partenariat avec la DRAC, un Contrat local d’éducation artistique a été signé jusqu’en 2027, permettant l’accueil d’artistes en résidence. La thématique pour 2025 et 2026 : la photo et la vidéo.
Ce que les bibliothécaires préfèrent dans leur métier ? La réponse fuse, en chœur : « Être au contact des livres et des lectrices, des lecteurs. Prendre le temps d’échanger. » Et parfois, un bon conseil de lecture suffit pour qu’un visiteur d’un jour devienne lecteur pour longtemps.
Le programme de Biblis en Folie au Pôle culturel du Petit Chiron
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